SADISMES: DE KRAFFT-EBING A FREUD
Colloque de Juin 1999 - Châteu d'Ermenonville
E. Belleil, E. Mahieu
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Au renversement du pénal en médical intervenu au 19ème siècle autour de la notion de sadisme au sein des perversions, nous avons vu se succéder au début du 20ème siècle un nouvel renversement: du médical à l'anthropologique. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le sens premier du mot perversion est renverser, retourner. En faisant un petit effort, nous découvrons grâce à l'ouvrage de Lantéri-Laura (1), que très vite le terme prend l'acception de retournement fâcheux! C'est ainsi que nous comptons rendre compte du destin de la notion de sadisme dans le passage intervenu entre Krafft-Ebing et son livre "Psychopathia Sexualis" et les "Trois Essais sur la Théorie Sexuelle" de Sigmund Freud.
Un renversement fâcheux… mais retournement de quoi? Pour en venir à ce point, nous devons faire d'abord un petit détour, car le retournement scandaleux pourrait être caché derrière d'autres points de rupture.
La Psychopathia Sexualis et Les Trois Essais sur la Théorie de la Sexualité
Un devenir en quelque sorte comparable peut être remarqué à propos de ces deux ouvrages incontournables de la psychiatrie et la psychopathologie. De très nombreuses éditions se sont suivies. Dans le cas de Krafft-Ebing entre 1886 date de la première parution et les successives éditions assurées par Moll après la disparition de Krafft-Ebing, on compte nombreuses rééditions avec des rajouts et des modifications. Chez Freud, le cas des "Trois Essais…" n'a de comparable que l'Interprétation des Rêves. Ce sont les deux seuls ouvrages qui comptent à chaque nouvelle édition des notes et des mises à jour de la main de Freud lui-même, ce qui souligne l'intérêt et l'importance qu'il a toujours consacré à cet ouvrage. L'un et l'autre des ouvrages continuent à être aujourd'hui des bornes incontournables dans l'abord des perversions sexuelles. Mais qui dit perversion sexuelle, énonce implicitement ou explicitement une théorie de la sexualité. Et là commencent les discontinuités.
Nous ne pouvons pas dire que la théorie de la sexualité soit la même dans la "Psychopathia Sexualis" et dans les "Trois Essais…", mais nous comptons montrer que le plus profond du renversement freudien, comme tend à le prouver le développement qu'il en fera de certains points ainsi que les retombées sur sa propre théorie, ne se situe pas à ce point là.
Comme bien le signale Lantéri-Laura (2), le terme utilisé par Krafft-Ebing Anomalien der Geschlechtstrieb, dont la traduction littérale serait "anomalies des pulsions de reproduction de l'espèce", situe d'avance le problème par référence à la procréation, tenue pour norme. C'est ainsi que la connaissance positive des perversions est menée à bien par Krafft-Ebing, et bien d'autres dans son temps, auteurs qui figurent tous dans la bibliographie des "Trois Essais…". Sur ce point spécifique, Freud montrera des nombreux points de rupture avec les notions maniées par son vis-à-vis, contemporain et allemand travaillant à Vienne, et qui malgré l'hostilité ambiante antisémite, aurait soutenu Freud pour sa nomination à un poste de Professeur. En premier lieu, Freud met en avant la sexualité infantile, fait qui le rendra "universellement impopulaire" selon l'expression de M. Gribinski dans la préface à la dernière traduction française. Ensuite, il existe une indépendance de la jouissance par rapport à la procréation. Mais surtout il constate le caractère obligatoirement conflictuel de l'évolution ontogénétique de la sexualité: "la sexualité adulte n'est pas une acquisition qui irait de soi, mais bien l'issue heureuse d'un engrenage de conflits qui aurait pu tourner autrement" (3). Ce point montre la différence de profondeur entre les vues freudiennes concernant la genèse des perversions par rapport à Krafft-Ebing, plutôt silencieux à cet égard.
Mais, sauf pour le caractère conflictuel entre la sexualité infantile et la sexualité adulte, et comme Freud le reconnaît lui même, la plupart de ces points de vue comptaient déjà des adhérents, mais dont leur discrétion n'a d'égal que le peu de portée qu'ils donnèrent à certaines de leurs découvertes.
En poursuivant l'exploration de l'ouvrage de Freud, nous nous rapprochons beaucoup plus du renversement que nous souhaitons faire valoir lorsque nous apprenons que c'est dans cet ouvrage que pour la première fois apparaît la notion de pulsion partielle (4), avec ses notions de but et d'objet qui permettront une réorganisation dans le champ des perversions. Toutes ces pulsions partielles qui une fois fixés vont constituer une perversion, on les retrouve dans la sexualité polymorphe de l'enfant. Parmi les premières citées, la pulsion de cruauté, liée au sadisme, va constituer un stade de l'organisation pré-génitale de l'enfant: le stade sadique-anal.
Nous allons voire quelle sera la portée de ce fait dans le développement que Freud lui réserve dans les années à venir.
La clinique du sadisme
Nous avons signalé certaines des notables différences entre Freud et Krafft-Ebing à propos de la sexualité en général. Qu'en est-il du sadisme, notion incluse au sein de réflexions concernant les perversions sexuelles, et qui nous intéresse tout particulièrement ici? Tout d'abord, Freud introduit-il une nouveauté sur le plan strictement clinique ou nosographique? Nous pouvons d'emblée répondre par la négative. Sur ce point précis, il n'y a rien dans Freud qui ne soit pas déjà dans Krafft-Ebing. D'ailleurs Freud le dit lui-même dans une note qui suit le titre du premier des trois essais: "Les données contenues dans le premier essai sont tirées des publications bien connues de Von Krafft-Ebing, Moll, Moebius, Havelock Ellis, von Schrenck-Notzing…"(5)
Ainsi, les catégories présentes dans la Psychopathia Sexualis sont presque intégralement conservées dans les Trois Essais: la liaison entre volupté et agressivité, leur présence évidente en temps de guerre (et l'exemple brutal donné dans le livre de Krafft-Ebing se situe en Yougoslavie avec l'assassinat du Roi de Serbie), l'existence d'un "sadisme moral", nous retrouvons tout ceci chez Krafft-Ebing.
Freud reconnaît toutes les variétés du sadisme isolés par l'allemand et il est tout à fait d'accord à la restriction de la définition de la perversion: "Dans le langage courant, le concept de sadisme varie de la désignation d'une attitude simplement active envers l'objet sexuel, puis d'une conduite violente, jusqu'à celle de la liaison exclusive de la satisfaction à l'asservissement de l'objet et aux sévices qui lui sont infligés. A strictement parler, seul ce cas extrême mérite le nom de perversion" (6). Mais encore une fois il sera plus près du langage courant, des idées véhiculées ailleurs que dans les milieux savants de son époque. Ceci sera d'une extrême importance car Freud va accorder très peu d'intérêt au sadisme en tant que perversion à la Krafft-Ebing, préférant se tourner vers le fétichisme ou l'homosexualité lorsqu'il va théoriser sur les perversions, mais il va donner une dimension anthropologique aux autres usages du terme en tant que constituants de la nature humaine.
Le renversement anthropologique
Freud opère un prélèvement totalement absent dans la Psychopathia Sexualis: il élève le sadisme à la catégorie de "la plus fréquente et la plus significative de toutes les perversions" (7). Et c'est à partir de ce binaire, sexualité et agressivité que Freud construira ce que bien plus tard il appellera son dualisme psychanalytique (8). C'est ici que Freud mérite le qualificatif de "Maître du soupçon" (9) que lui réserva Paul Ricoeur, à côté de Nietzsche et Marx. Car ce qu'il renverse est un concept anthropologique: "l'homme n'est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité […] Il est vrai que ceux qui préfèrent les contes de fées font la sourde oreille quand on leur parle de la tendance native de l'homme à la "méchanceté", à l'agression, à la destruction, et donc aussi à la cruauté" (10). Ce qui lui vaudra pas mal de ruptures au sein de son propre groupe, sans conter avec la rupture avec tout un courant inspiré de l'humanisme chrétien. Freud lui-même signalera sa rupture avec la "Science chrétienne" s'interrogeant: "Dieu n'a-t-il fait l'homme à l'image de sa propre perfection?" (11)
Avant de poursuivre sur la voie qui mène du sadisme à Eros et Thanatos, nous nous interrogeons sur ce qui permet à Freud un tel renversement, car tous les fils qui l'y conduisent se nouent dans une surdétermination inéluctable autour du sadisme
En premier lieu, nous voudrions mettre l'accent sur le fait que Freud est juif. Il va le rappeler lui même à divers endroits de son œuvre, mais peut être les sentences plus claires sont celles rapportées par Rojzman: "Je compris que c'était seulement à ma nature de juif que je devais les qualités qui m'étaient devenues indispensables dans ma difficile existence. Parce que j'étais juif, je me suis trouvé libéré de bien de préjugés qui limitent chez les autres l'emploi de l'intelligence; en tant que juif, j'étais prêt à passer dans l'opposition, et à renoncer à m'entendre avec la compacte majorité. […] J'appartiens en effet à une race qui au Moyen âge fut tenue pour responsable de toutes les épidémies qui frappent les peuples et que l'on accuse présentement de la décadence de l'empire en Autriche et de la perte de la guerre en Allemagne. De telles expériences vous refroidissent et vous incitent peu à croire aux illusions" (12). Ceci expliquera peut être pourquoi le commandement "Tu aimeras ton prochain comme toi même" lui servira de pivot dans ses réflexions sur la pulsion de mort, car il en savait un bout sur cet amour du prochain, bien qu'il n'ait pas tout vu. Il est d'ailleurs intéressant de comparer le monde de la jeunesse de Freud à celui de son ami Stephan Zweig (13), comme on pouvait discuter avec Dominique Dion un jour de garde, pour qui la désillusion lui fut fatale. Zweig décrit magnifiquement cette bourgeoisie juive de Vienne à laquelle il appartenait, toute entière dans l'illusion d'un monde sans failles, alors que Freud, lorsqu'il vint à Vienne, c'était dans le contexte de la faillite de son père, et donc il se trouva exclu de cette bourgeoisie.
Malgré cela Freud eut des influences du mouvement romantique germaniste (14), avant que cela ne devienne en quelque sorte la pépinière de l'antisémitisme. Goethe fera partie de ses références régulières.
Mais bien d'autres éléments peuvent servir de boussole dans ce renversement. Comme le dit Freud: "Vu l'ampleur de mes lectures de jeunesse, je ne puis jamais savoir avec certitude si ma prétendue invention n'a pas été une production de la cryptomnésie" (15) et ceci avant d'introduire Empédocle d'Agrigente chez qui Freud retrouvait sa théorie dans le dualisme Filia et Neikos, Amour et Discorde. D'autre part, dans son Autoprésentation, il avoue s'être maintenu à distance de la philosophie de Nietzsche, cité sans être nommé dans Au-délà du Principe du Plaisir dont il est impossible de ne pas retrouver un air de familiarité avec cet autre Jenseits du Bien et Mal. Quel rôle put jouer Lou Andréas Salomé dans cette mise à distance? Finalement nous pouvons ajouter Schopenhauer un des premiers à évoquer le refoulement et à évoquer la puissance du désir, face à cet homme tout entier fait conscience de toute une tradition chrétienne.
Laissons Freud nous éclairer: "Des fils qui s'étaient entrelacés au cours de mon développement commencèrent à se dénouer, des intérêts ultérieurement acquis ont cédé le pas et de plus anciens, plus originels, se sont de nouveau imposés. […] Après le détour, une vie durant, par les sciences de la nature, la médecine et la psychothérapie, mon intérêt était revenu à ces problèmes culturels qui avaient jadis captivé le jeune homme à peine éveillé à la pensée" (16). Et ceci est tout à fait visible dans ce trajet qui mène du sadisme et du livre de Krafft-Ebing au dualisme pulsionnel, pulsion de vie et pulsion de mort du Malaise dans la Civilisation.
Sadisme et pulsion de mort
Pulsion de cruauté, pulsion d'emprise, pulsion d'agressivité, selon les différentes positions subjectives, ce sont quelques noms de cette pulsion partielle isolée dans les "Trois Essais…" à partir du sadisme et qui constituent en quelque sorte une nature de l'homme, une essence, plutôt qu'une aberration sexuelle monstrueuse.
Ce renversement anthropologique suscita des nombreuses résistance y compris chez Freud lui-même: "Je me rappelle de ma propre résistance à la conception d'un instinct de destruction quand elle se fit jour dans la littérature psychanalytique". Freud se réfère ici à la figure tragique de Sabine Spielrein, cette psychiatre, analysante, et patiente entre Freud et Jung et qui disparut au mains des allemands en Russie en 1942. Mais lorsqu'on suit le fil conducteur à travers le sadisme des Trois Essais jusqu'à la fin de son œuvre nous voyons que cette conception ne demandait qu'à être élaborée et qu'elle était déjà en puissance dans les premiers travaux de Freud.
Il a toujours été indispensable à Freud de penser le monde des Triebe, des pulsions, en termes de couples d'opposés, mais Freud lui-même signalait combien cela heurtait ses propres résistances. En 1915, de son propre aveu, Freud n'arrive pas à concevoir la négation du couple formel des tendances globales de l'être: "On préférerait voir dans l'amour l'expression de la tendance sexuelle totale, mais on n'est pas pour autant tiré d'embarras et l'on ne sait comment concevoir un contraire matériel à cette tendance" (17). Et c'est bien le sadisme qui le conduira à la pulsion de mort.
Dans les "Trois Essais…", le sadisme originaire, la pulsion d'emprise est au service de la sexualité: elle fournit l'agressivité nécessaire pour pouvoir surmonter la résistance de l'objet et en quelque sorte se mettre au service de la reproduction. Freud n'abandonnera jamais ce point de vue. Il restreindra sa portée, mais surtout il va lui donner des développements qui le dépasseront amplement. Le masochisme, lui, serait secondaire au retournement sur la personne propre du sadisme originel.
Le couple sadisme-masochisme sera pour Freud l'équivalent du couple activité-passivité, avec lequel il va construire les différentes positions à l'égard du complexe d'Œdipe. D'une certaine manière il va mettre en série: sadisme-activité-masculinité vs. masochisme-passivité-féminité.
Ainsi, dans Un enfant est battu, derrière la forme sadique du fantasme, le sujet regardant un enfant se faire battre par un adulte, il apparaît une satisfaction masochique car l'enfant est un substitut de la personne propre. Ce fantasme de fustigation dérive d'ailleurs de la relation incestueuse au père.
Dans "Au-delà…". il introduit la pulsion de mort: "Le sadisme est à proprement parler une pulsion de mort qui a été repoussée du moi par l'influence de la libido narcissique, de sorte qu'elle ne devient manifeste qu'en se rapportant à l'objet. Il entre alors au service de la pulsion sexuelle" (18). Freud donne alors le crédit à Sabine Spielrein et il admet qu' "il pourrait être aussi un masochisme primaire, ce que je refusais alors" (19).
Il le développera dans Le problème économique du masochisme, texte dans lequel il introduit aussi la notion de masochisme moral. Cette fois, il ne s'agit plus d'une souffrance infligée par l'être aimé, mais ce qui compte c'est la souffrance par elle-même: un besoin de punition sous-tendu par un sentiment de culpabilité inconscient. Le masochisme moral représente un des devenir de la pulsion de destruction avec son retour sur la personne (sadisme accru du surmoi et masochisme accru du moi).
La formulation définitive viendra dans ce texte fondamental à la compréhension de la pensée de Freud, le Malaise dans la Civilisation, où il retrace en quelque sorte le chemin parcouru. Freud dit qu'au départ de sa doctrine des pulsions il prit son premier point d'appui sur la proposition du poète philosophe Schiller: "la faim et l'amour" règlent le fonctionnement des rouages de ce monde. Il signale à quel point dans l'opposition des pulsions du moi et les pulsions sexuelles "la pulsion sadique se mit en évidence par plusieurs traits saillants, de telle sorte que son but n'était nullement dicté par un amour imbu de tendresse; […] ne pouvait d'ailleurs dissimuler sa proche parenté avec les instincts de domination dénués d'intention libidinale" (20), mais il passa par-dessus ces discordances.
Le pas suivant, poursuit Freud, est fait dans "Au-delà…": "On pouvait admettre que l'instinct de mort travaillât silencieusement, dans l'intimité de l'être vivant, à la dissolution de celui-ci; […] l'idée qu'une partie s'en tourne contre le monde extérieur et devient apparente sous forme de pulsion agressive et destructrice nous fit faire un pas de plus. Ainsi l'instinct de mort eût été contraint de se mettre au service de l'Eros; l'individu anéantissant alors quelque chose d'extérieur à lui, vivant ou non, au lieu de sa propre personne" (21).
Ainsi Freud affirmait que rarement les deux espèces d'instincts entraient en jeu isolément, mais qu'ils formaient entre eux des alliages divers et devenaient méconnaissables à nos yeux.
Et il va mettre, encore une fois, en avant le sadisme pour s'expliquer: "Dans le sadisme, pulsion dès longtemps reconnue comme composante partielle de la sexualité, on aurait ce genre d'alliage, et tout spécialement riche, de la pulsion d'amour avec la pulsion de destruction […]. Ainsi cette tendance autrement impossible à percevoir devient précisément sensible et frappante" (22).
Et encore, "Je reconnais que dans, le sadisme et le masochisme, nous avons toujours vu les manifestations, fortement teintées d'érotisme, de l'instinct de destruction tourné vers l'extérieur ou vers l'intérieur; mais je ne comprends plus que nous puissions rester aveugles à l'ubiquité de l'agression et de la destruction non érotisées et négliger de leur accorder la place qu'elles méritent dans l'interprétation des phénomènes de la vie" (23) .
Fort de ceci, Freud s'attaque donc à cette exigence idéale de la société civilisée: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" pour dénoncer l'illusion. Et ses conclusion ne seront pas loin des personnages de littérature de Sade, avec comme supplément d'horreur, qu'il s'agit de monsieur-tout-le-monde: "L'homme est en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer. Homo homini lupus" (24)
Nous ne voudrions pas finir sans évoquer le sort que fera Lacan à ce rapprochement de Freud entre la nature humaine et Sade. Le Séminaire sur L'Ethique et Kant avec Sade constituent deux temps forts de sa refléxion. Mais, il faut bien le dire, Kant avec Sade est déjà anticipé par Freud dans une phrase resté pour nous quelque peu énigmatique: "l'obéissance aux lois éthiques supérieures conservera la signification d'un préjudice porté à la civilisation, car cet obéissance encourage directement la méchanceté" (25). Ainsi, si le renversement freudien est "L'Homme n'est pas aussi bon qu'il le croit", avec Lacan ça devient: "C'est là où il se croit le meilleur qu'il est le pire".
Sans vouloir empiéter sur le travail des collègues qui nous succèdent, et pour terminer, nous nous sommes laissés porter par l'imagination, et projeter dans un scénario de notre temps cette opposition: Nous trouvons dans Milosevich et ses sbirres un exemple d'un bon homme freudien: foncièrement méchant. Mais, en contrepartie les multiples exemples des "dégâts collatéraux" occasionnés par l'OTAN, nous laissèrent un arrière goût de "Kant avec Sade": c'est peut-être là où il se croient les meilleurs qu'ils sont les pires.
BIBLIOGRAPHIE
1)
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2)
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3)
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4)
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5)
Freud (S.), Trois Essais sur la Théorie Sexuelle, Gallimard, Folio,
Essais, 1987, p. 35.
6)
Freud (S.), Trois Essais sur la Théorie Sexuelle, Gallimard, Folio,
Essais, 1987, p. 69.
7)
Freud (S.), Trois Essais sur la Théorie Sexuelle, Gallimard, Folio,
Essais, 1987, p. 68.
8)
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1985, p. 260.
9)
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10)
Freud (S.), Malaise dans la civilisation, Presses Universitaires
de France, 1971, p. 64 et 75.
11)
Idem.
12)
Rojzman (Ch.), Freud, un humanisme de l'avenir, Desclée de
Brouwer, 1998, pp. 24-25.
13)
Zweig (S.), Le Monde d'hier, Souvenirs d'un Européen, Livre
de Poche, 1993.
14)
Vermorel (H. et M.), Freud, Goethe et le romantisme,L'Information Psychiatrique,
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15)
Freud (S.), Analyse avec fin et analyse sans fin, in Résultats,
Idées, Problèmes, Tome II, Presse Universitaires de France,
1985, p. 260.
16)
Freud (S.), Autoprésentation, in Œuvres Complètes,
Tome XVII, Presses Universitaires de France, 1992, p. 120
17)
Freud (S.), Pulsions et destins des pulsions, in Métapsychologie,
Folio Essais, Gallimard, 1986, p. 34.
18)
Idem, p. 102.
19)
Freud (S.), Au-delà du principe du plaisir, in Essais de Psychanalyse,
Payot, 1987, p 103.
20)
Freud (S.), Malaise dans la civilisation, Presses Universitaires
de France, 1971, p. 72.
21)
Idem, p. 74.
22)
Idem, p. 74.
23)
Idem, p. 75.
24)
Idem, p. 64-65.
25)
Idem, p. 64.
26)
Delrieu, (A.), Sigmund Freud, Index Thématique, Anthropos,
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27)
Mannoni (O.), Freud, Seuil, Ecrivains de Toujours, 1968.
28)
Lacan (J.), Kant avec Sade, in Ecrits, Seuil, 1966.
29)
Lacan (J.), Le Séminaire Livre VII, L'éthique de la
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30)
Krafft-Ebing (L.), Psychopathia Sexualis.