UN CAS DE FOLIE 
MANIAQUE-DEPRESSIVE
Eduardo T. Mahieu
Séminaire du 6 Juin 2000

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Introduction

Le particulier d'un cas clinique que nous traitons, nous a permis de réfléchir aux glissements sémantiques et conceptuels intervenus entre la folie maniaque-dépressive, la psychose maniaco-dépressive, termes aujourd'hui désuets et remplacés par celui, politiquement correct, de "Trouble bipolaire", et de constater que de l'un à l'autre, de Kraepelin ou des Etudes Psychiatriques d'Ey au DSM-IV il s'agit d'une entreprise d'assèchement du "Zuidersee" clinique, à l'aide d'une opposition affectif-cognitif qui trouve une base solide dans la psychologie des facultés chez Kant, mais qui est merveilleusement poussé par les arguments de vente de l'industrie pharmaceutique, avec les termes très suggestifs d'antipsychotiques et antidépresseurs.

Le rythme mécano-dynamiste qu'Henri Ey prêtait aux idées en médecine, se voit dans le champ des psychoses, reflété dans les avatars entre une conception unitaire de la psychose, continuiste, et une autre conception discontinuiste. Griesinger est un des tenants du modèle unitaire: les troubles de l'humeur précèdent toujours les troubles délirants. Après nous retrouvons folie maniaque dépressive vs démence précoce chez Kraepelin, psychose maniaco-dépressive vs schizophrénies chez Bleuler (bien qu'il doive être rangé parmi les "unitaires", Minkowski disait que selon Bleuler la question devait être jusqu'à quel point PMD et jusqu'à quel point schizophrénie?). Lacan rappelle que pour Freud le champ clinique de la psychose était discontinu: "Freud trace une ligne de partage des eaux [...] entre paranoïa d'un côté et de l'autre, tout ce qu'il aimerait, dit-il, qu'on appellât paraphrénie, et qui correspond très exactement au champ des schizophrénies" (23), et il réservait une place à part aux manies et mélancolies. Des nos jour, des voix s'élèvent pour revenir au modèle unitaire, d'autres pour proposer une classification plus dialectique (27).

Quel algorhytme découpe ce champ? Pourquoi ceci n'apparaît pas aussi marqué avant le 19ème siècle? C'est qu'il n'y a probablement pas d'histoire de la Psychose Maniaco-Dépressive tel que nous l'entendons aujourd'hui, avant le 19ème siècle. Comme le dit Berrios (2), malgré l'évidence historique en faveur d'une rupture historique dans les sens du terme mélancolie, certains historiens de la clinique continuent d'établir une ligne évolutive directe entre les anciens concepts et leur usage actuel. Henri Ey nous apprend que le terme de "manie" a servi en Grèce pour désigner la "folie", puis elle s'est appliqué aux formes agitées et au trouble général des facultés, puis elle est devenue synonyme de délire général, et elle est encore très imprécise dans le traité de Pinel (5, p. 50). De même il nous rappelle que sous le nom de mélancolie on a, pendant des siècles rangé des formes morbides assez disparates (6, p. 119). D'Hippocrate à Baillarger et Falret le mot ne recouvre pas la même signification. C'est projeter en arrière nos conceptions actuelles que de tenter d'intégrer Arétée de Capadocce à Akiskal, Winokur ou Klein.

Henri Ey a multiplié les mises en gardes contre une prise "à la lettre" de la sémiologie atomiste. Mais aujourd'hui, tout l'appareillage de la psychopathologie quantitative moderne, ne fait que réifier cette psychologie des facultés de l'âme. Ce qui n'a eu comme résultat que "durcir" cette séparation entre une maladie dont le trouble essentiel serait cognitif, la schizophrénie, et une autre, affective, le trouble bipolaire. Et le comble de tout c'est que cela se fait dans un "retour à Kraepelin" proclamé par l'école de St Louis, alors que le Maître de Munich est étranger à cette séparation.

La folie maniaque-dépressive continue d'être ce carrefour qui interroge la clinique, mais toute clinique est ordonnée par une orientation théorique, qu'elle s'avoue ou pas. Comment en est-on arrivé a ce qui aujourd'hui s'appellent des mood disorders dans le DSM IV, mais qui étaient il y a jusqu'à très peu des affective disorders (comme dans le DSM III, 16).

Le sens et contresens d'un retour à Kraepelin

Dans la psychiatrie germanique du 19ème siècle nous retrouvons deux courants opposés: l'école neuropathologique de Wernicke, localisationniste (dont les membres de la société internationale Wernicke-Kleist-Leonhard disent que seule sa mort prématurée lui valut l'éclipse face à Kraepelin) opposée à celle de Kraepelin, empiriste, pour qui le seul critère pour séparer des entités cliniques le constituait l'évolution.

A partir de la 6ème édition de son Traité, Kraepelin ordonne sa partition des psychoses à partir du seul critère évolutif. Les classifications purement symptomatiques ou psychologiques lui semblent "fallacieuses". Ainsi lorsqu'il analyse les symptômes de son entité (21) nous trouvons, sans la moindre hiérarchisation, des troubles de l'aperception, l'attention, la conscience, la mémoire, les troubles sensoriels, le cours des représentations, l'inhibition de la pensée, la productivité, les idées délirantes, l'humeur, la logorrhée, l'excitation anxieuse, etc.

Kraepelin oppose les états maniaques aux états mélancoliques, à l'intérieur desquels les traducteurs français ont isolé: hypomanie (dont il dit qu'on appelle "à tort" manie sans délire), manie aiguë (tobsucht), manie délirante (whanbildende) et manie confuse (delirösen zustandes, deliriums); d'autre part: mélancolie simple, stupeur (stupors), mélancolie grave, mélancolie paranoïde (paranoïde melancholie), mélancolie fantastique (phantastiche melancholie, groupe "assez important" dit Kraepelin) et mélancolie confuse.

Deux faits sont à souligner dans cette entité kraepelinienne. D'une part il n'y a pas une subordination des symptômes à une symptomatologie "affective ou thymique" dite primaire ou fondamentale (2). Et d'autre part il n'existe aucune exigence de "congruence" des idées délirantes aux troubles thymiques. La lecture des cas avec lesquels il illustre ses catégories suffit à le démontrer (21).

Les élèves de Wernicke, Kleist, puis Leonhard, vont reprendre le flambeau dans l'opposition a Kraepelin. L'idée "antikraepelinienne" de Wernicke était qu'il rassemblait dans son entité maladies différentes étant donné son "pauvre pouvoir d'observation" (20). Ils vont s'attacher donc à démembrer cette entité.

Kleist considère que Kraepelin a négligé la symptomatologie et va séparer de la psychose maniaco-dépressive "pure" (terme inexistant chez Kraepelin ou Griesinger, (14), un groupe de psychoses "marginales" (randpsychosen), devenues plus tard psychoses cicloïdes. Leonhard va encore approfondir le démembrement puisque c'est lui qui va introduire la séparation entre bipolaires et unipolaires. Il va insister sur des formes "pures" de la manie et de la mélancolie, c'est à dire de symptomatologie exclusivement affective (thymique dirions nous aujourd'hui), bien qu'il signale que ces syndromes ne se voient qu'exceptionnellement (26). Il les sépare des autres psychoses phasiques.

C'est cette conception qui va traverser l'Atlantique et être recueillie par l'école de St Louis. Comme le dit Tatossian: "le point essentiel est que les classificateurs néo-kraepeliniens sont plutôt des anti-kraepeliniens quant aux principes de la classification" (37). Elle va trouver un terrain déjà préparé par Rufus Wyman, un aliéniste américain du McLean Asylum pour qui les divisions des philosophes entre intellect et affect trouvent "une division correspondante de troubles mentaux de l'intellect et des passions" (1830) (33). A peine plus tard, le psychiatre anglais Maudsley dans son ouvrage The Physiology and Pathologie of Mind (1868), séparait parmi les "variétés de la folie" la folie affective et la folie idéative, définies par l'absence ou présence du délire dans ses différentes formes (1).

Les formes "pures", une pure forme? Phénoménologie et Psychanalyse.

Les phénoménologues se sont attaqués au problème de la mélancolie et de la manie, non pas à partir d'un "trouble de l'humeur" ou de "l'affect", mais à partir de la phénoménologie de la temporalité. Minkowski met en avant que l'analyse phénoménologique permet d'envisager manie et mélancolie comme des troubles "relevant du déploiement dans le temps, ou, si l'on veut, comme manifestation d'une subduction mentale dans le temps" (31). Pour la manie, c'est la fuite des idées qui constitue le trouble fondamental à partir duquel elle est abordée, le texte le plus célèbre étant celui de Binswanger (une remarquable synthèse de travaux de langue allemande en est faite par Sauvagnat, 34).

Henri Ey nous rappelle "On répète souvent que la manie n'est pas un délire […]. Cela est faux si l'on entend méconnaître que même dans les manies les plus simples et les plus pures, la "fuite des idées", l'exaltation imaginative, les propos narratifs et inventifs, la fabulation, etc. et surtout la fantaisie ludique des rapports qui lient le Monde au Moi du maniaque sont déjà un délire naissant, c'est à dire "valent déjà pour" une certaine distortion de la réalité vécue et pensée" (5, p. 62). Et plus loin "Il est bien évident que - comme nous l'avons dit pour la manie - la conscience mélancolique contient le délire et l'hallucination. […] Il faut bien dire par conséquent que le vécu de la mélancolie typique est délirant et hallucinatoire" (6, p. 184)

Plusieurs auteurs, dont Berrios (2) voient l'avènement de la psychanalyse comme faisant partie de la valorisation de l'affectivité, poussée par le mouvement romantique. Cependant lorsque Freud comparait Deuil et Mélancolie il séparait les deux états à partir de la structure de la perte. Ce n'est pas à partir de l'affect qu'il établit une clinique différentielle "la manie n'a pas d'autre contenu que la mélancolie, les deux affections luttent contre le même complexe" (10, p. 163). Lacan, s'alignant sur Freud, ne donnait pas à l'affect un caractère structural et, en conséquence diagnostique. Mais à plusieurs endroits il articule la défénestration suicidaire ou l'orgie maniaque comme conséquences de la forclusion, donc dans le registre de la psychose. Eric Laurent résume la question de la façon suivante: "l'orientation de l'enseignement de Lacan sur la mélancolie est clair: il ne l'aborde pas à travers l'affect tristesse, bien plutôt dans son rapport à l'acte suicidaire. La manie, quant à elle, est non-fonction de a, non-extraction de cet objet qui provoque, avec le rejet de tout chiffrage par l'inconscient, le retour dans le réel d'une jouissance qui envahit et sacrifie l'organisme". Là aussi, manie et mélancolie sont deux figures du même. (24, p. 11).

DSM, Kant et la théorie des facultés de l'âme

Germán Berrios met l'accent sur le fait que depuis les Grecs les passions jouent un rôle secondaire dans la définition de la nature humaine. Cependant depuis le 19ème siècle, l'influence des idées kantiennes en psychologie, avec son opposition entre raison et passion, cognitif et affectif et l'importance donnée par le mouvement romantique à l'affectivité, celle-ci se voit éclore au 20ème siècle. Berrios (2) signale qu'aux "termes génériques" employés pour les "symptômes émotionnels", s'ajoutent toute une série de termes qui nomment certains "états subjectifs" mais qui n'appartiennent pas au même champ sémantique. Il signale le glissement sémantique opéré entre les termes mélancolie et dépression. La force sémantique de ce dernier a conduit depuis le 19ème siècle à un certain nombre d'hypothèses étiologiques: dans tous les cas un principe de "déficience" est le fait principal.

Jeniffer Radden, philosophe américain, voit dans la psychologie des facultés de l'âme tel qu'elle est issue de la tradition kantienne, le moule sur lequel la psychiatrie occidentale, et en particulier les D.S.M. ont construit leurs entités nosologiques (33). Si bien elle signale le fait que les facultés psychologiques n'admettent pas une seule définition - elles n'ont pas le même sens chez Kant que chez Gall ou Fodor - en même temps elle souligne leur tronc commun. Radden n'hésite pas à voir dans la nosologie des D.S.M. une réification des oppositions kantiennes. Et soutient Wig pour qui la division des psychoses entre maladies de l'affect et maladies de l'intellect ne se retrouvent pas dans les classifications traditionnelles du Tiers Monde. Elle conclut que la taxonomie occidentale est "arbitraire, trompeuse et déterminée par sa culture".

Congruent, incongurent

L'évidence clinique d'idées délirantes dans les épisodes maniaques ou mélancoliques officiant de trouble fête, des efforts on été faits pour "séparer le bon grain de l'ivraie". Pour Bourgeois à la suite de K. Jaspers, la congruence correspond à une idée pseudo-délirante "compréhensible" en fonction de l'état de l'humeur (par exemple: délire grandiose, lié à l'expansivité maniaque, ou culpabilité délirante dans la mélancolie) (3). Dans un autre travail il montre bien la difficulté que pose ce concept de "congruent", et la nécessité d'interpréter à un moment donné (38). Difficulté dont l'autre face est celle de déterminer le caractère de "bizarrerie" pour les idées schizophréniques (9), notion impossible à définir rigoureusement.

Kendler (18) retrace l'histoire du concept de mood-incongruent psychotic affective illeness. Pour lui la fondation du concept d'incongruence il faut la trouver dans les relations de compréhension de Jaspers et de ses développements par Kurt Schneider, mais tant chez Jaspers que chez Schneider ce concept est introuvable. Mieux encore, pour Schneider l'inadéquation des sentiments chez le schizophrène "n'existe qu'en apparence" (35). Peut être le poids de la philosophie du sens commun de Adolf Meyer, un des pères de la psychiatrie nord américaine de ce siècle, se fait sentir ici. C'est en fait à partir des Research Diagnostic Criteria (1978), d'un travail de Pope et Lipinski (32) et du DSM III (1980) que cette notion prend valeur diagnostique et pronostique.

Limites de la Psychose Maniaco-Dépressive

Henri Ey consacre plusieurs pages de son Etude N° 25 (7) à l'autonomie et limites de la psychose périodique maniaco-dépressive. Plusieurs questions sont évoquées: toute crise de type maniaco-dépressif est-elle récidivante? les formes de psychoses périodiques qui s'organisent en névroses ou en délires chroniques ou aboutissent à un état d'affaiblissement intellectuel plus ou moins schizophrénique, font-elles partie de la psychose maniaco-dépressive? Les formes réactionnelles ou symptomatiques entrent-elles dans la PMD? Faut-il inclure les crises de manies ou de mélancolie atypiques? Nous voyons que tous ces problèmes restent intacts. Hardy-Baylé passe en revue des travaux actuels sur l'extraversion, sur le neuroticisme, sur l'intra et extrapunitivité, les travaux sur l'estime de soi, les travaux sur l'obsesionnalité, etc. Ce questionnement reconstitue "le spectre" kraepelinien abandonné au profit d'une "clinique des affects" (15). Ce spectre maniaco-dépressif se constitue ainsi: dépressions unipolaires, personnalité cyclothymique et hyperthymique, trouble cyclothymique, trouble bipolaire de type II, manie unipolaire, trouble bipolaire de type I, les troubles schizo-affectifs (point de discorde entre la position continuiste et discontinuiste du champ de la psychose), c'est-à-dire tous les "restes" que la troïka Wernicke-Kleist-Leonhard avaient exclu de la folie maniaque dépressive.

Des nous jours, Spitzer appelle à une aproche plus "holistique" pour aborder le fonctionnement psychique, Crow prône un retour à une conception continuiste allant des troubles unipolaires jusqu'à la schizophrénie, selon les degrés de defect, ou bien Angst souligne la prépondérance des troubles szchizo-affectives et appelle à un retour de la conception continuiste de son Maître Bleuler (cités par Radden, 33).

"Life events" ou déclenchements du sujet?

La psychiatrie américaine, dans le sillage de Meyer et sa notion de réaction, prêta beaucoup d'attention aux circonstances d'apparitions des épisodes maniaques ou dépressifs. D'autre part leur volonté à verser dans l'objectivité leur font dresser des listes interminables de "life events" capables de jouer un rôle dans la survenue d'un épisode thymique (12). L'objectivation de l'événement est explicite: "nous avons entraîné nos interrogateurs pour coter ce que la plupart de gens auraient attendu ressentir à partir d'un événement […] sans prendre en compte de ce que le répondeur dit sur sa réaction" (19). Evidemment ils achoppent devant le fait qu'un deuil puisse déclencher un épisode maniaque, ou le fait de toucher une grande somme d'argent, une mélancolie; ou bien encore le fait qu'un événement supposé insignifiant, le soit pour le sujet.

Ey disait: "le plus souvent il est absolument impossible de rattacher la crise de manie ou de mélancolie à un événement de quelque importance autre que celle des incidents de l'existence" (7, p. 513). Et c'est que les crises ne sont pas de simples événements, mais portent en elles-mêmes la structure du processus fondamental de la maladie. "Aucune relation entre l'événement actuel et la crise de manie et de mélancolie ne peut rendre compte complètement que le malade "fait" des crises". Ainsi il se voit orienté vers ce qu'il appelle la "psychogenèse du "choix" de la crise maniaque ou dépressive" (7, p. 512). "Le sens de la crise vers la manie ou vers la mélancolie peut et doit vraisemblablement dépendre de la situation existentielle […]. Ces conditions […] doivent être considérées comme réalisées par l'ensemble même de l'histoire présente et passée qui constitue précisément dans son aboutissement, pour chacun de nous, le problème actuel" (7, p. 514). Henri Ey souligne bien que le problème posé est celui de l'actualisation du fantasme inconscient. Freud disait à propos du déclenchement de la crise mélancolique que le sujet n'est pas sans savoir "qui il a perdu mais non ce qu'il a perdu en cette personne" (10, p. 149). C'est souligner une nouvelle fois qu'il s'agit bien d'une perte subjective, mais qu'en plus cette perte est inconsciente, fantasmatique. Le fantasme étant "la re-présentation et la représentation d'une scène imaginée et imaginaire, dans laquelle la personne occupe le centre du scénario au moment critique où se joue sa destinée" (28).

Dans la théorie lacanienne, le déclenchement est le drame central de la vie d'un sujet qu'à un moment donné rentre dans la psychose. En un sens, c'est une rupture permettant d'opposer ce qui jusque là avait un sens et le monde hors sens. En un autre sens c'est un moment de conclure, un point de conclusion d'un vaste processus (25). De ce fait, le moment du déclenchement résumerait la question essentielle du drame subjectif, sur lequel Lacan demandait qu'on pose toute notre attention. Castanet et De Georges se livrent à un aggiornamento sur l'élaboration théorique de la clinique et souhaitent une mise à jour du concept canonique de déclenchement. Ils affirment que toute psychose n'implique pas un déclenchement irréversible, ce qui est le cas de la mélancolie. Ils avancent le terme de suppléance intercritique, caractérisée par une suridentification aux rôles sociaux, ce qui d'après les auteurs, était démontré par Tellenbach avec la description du Typus Melancolicus. (4).

L'intérêt de la question

Alors, qu'est-ce qui justifie le trajet théorique que nous venons de réaliser? Il ne s'agit pas pour nous d'une question bizantine, mais une question essentielle du point de vue du thérapeute, c'est-à-dire celui qui prend la place de soignant envers un être humain malade. Autrement dit celui qui a à traiter un cas particulier à jamais irréductible à un universel. Nous avons vu d'un côté le démantèlement de la notion de folie maniaque-dépressive, vers une clinique des affects, et ensuite à l'œuvre une subtil dialectique pour glisser de l'affect "expression extériorisée de l'état émotionnel actuel", à l'humeur "l'état émotionnel interne dans lequel vit une personne", qui conduit à donner la priorité de l'interne sur l'externe, de l'endogène sur le réactionnel (17). Ce qui nous mène fatalement à ce qu'Henri Ey appelait "l'erreur qui est contenue dans la théorie "thymique" de la maladie considérée comme un trouble pour ainsi dire mécanique de l'humeur" (5, p. 86). Malgré le fait que la plupart des auteurs insistent sur le fait de sa rareté (20, 21, 29, 35), on aboutit, par un obscur platonisme (Note 1), à la description de la forme dite "pure" ou "typique". Du même coup le concret des "cas particuliers" ou "la pratique clinique", sorte de monde sublunaire, devient une dégradation de cette autre réalité "plus vraie que vraie", car, il est habituel de constater que nos patients n'ont pas lu les DSM…

A ce trouble "pure", mécanique, il est facile de répondre par des schémas ou protocoles thérapeutiques, dont on ne saurait nier une certaine utilité. Mais nous allons voire à partir du cas que nous présentons, comment la marge de liberté du sujet peut déjouer tout protocole réputé thérapeutique, et nécessite d'une prise en compte de sa particularité radicale comme une question préliminaire à tout traitement possible de sa psychose. Et c'est se situer à l'opposé d'une démarche objectivante qui destitue le statut du sujet.

Le "cas" de Lucette

Dans cette présentation, nous allons opposer d'un côté des documents des hospitalisations précédentes, et ensuite l'historisation qu'en fait la patiente elle-même de sa maladie. C'est l'histoire d'une femme aujourd'hui âgée de 76 ans

La première hospitalisation dans notre service en avril 92 intervient lors d'un changement de secteur, mais Lucette a été hospitalisée à plusieurs reprises dans d'autres établissements. Elle arrive transférée du service de neurologie où elle était hospitalisée pour un syndrome confusionnel (désorientation temporo-spatiale, perplexité anxieuse et symptomatologie dépressive) évoluant depuis 3 ou 4 mois, et alors que la patiente a arrêté tout traitement. Aucun élément organique n'est retrouvé. Par contre il existe des idées de ruine et d'autodépréciation: "je ne suis rien, je suis foutue, je perds la raison…" et la conviction que ses pensées et ses souvenirs sont erronés. Les circonstances d'apparition de l'épisode ne sont pas consignés. La patiente est traitée par Tégrétol et Ludiomil.

La deuxième hospitalisation intervient en septembre 92 pour épisode mélancolique. La patiente se dit "gazifiée": "il faut évacuer la résidence, le gaz a pénétré dans ma peau". La patiente signale "je n'ai aucun projet et cela m'inquiète". Aucune circonstance déclenchante n'est signalée hormis le fait d'une interruption du traitement médicamenteux.

Troisième hospitalisation en juin 93 lorsque la patiente a arrêté son traitement lui préférant l'homéopathie. Quelques semaines avant l'hospitalisation elle vit recluse chez elle, aboulique et apragmatique. Il est signalé un vécu de catastrophe et des idées persécutives: "vous allez m'empoisonner avec vos médicaments; je vais finir ma vie ici…". Après un mois d'hospitalisation, Lucette sort améliorée pour partir en vacances avec son fils.

En décembre 93 a lieu une réhospitalisation après rupture de suivi et traitement. Depuis plusieurs semaines Lucette manifeste des idées d'empoisonnement centrées sur son traitement, et idées d'exsanguination. Elle présente un syndrome de dépersonnalisation, des doutes concernant son identité avec sentiment de vide intérieur, parle d'elle même se référant à "Lucette et l'autre"; et de déréalisation: doute de l'identité des personnes qui l'entourent et de la réalité des objets. L'absence de réponse à son traitement habituel (Ludiomil) conduit à un changement d'antidépresseur, et une hépatite cytolytique entraîne l'interruption de son thymorrégulateur. Pendant cette longue hospitalisation (6 mois), un virage de l'humeur est constaté alors que la patiente est traitée par une association d'antidépresseurs (Prozac et Athymil). Il est alors débuté une lithiothérapie.

Une nouvelle hospitalisation a lieu en octobre 95, après plusieurs mois d'interruption de traitement et de suivi. Lucette manifeste alors des idées d'incurabilité, de sentiments que "l'environnement est inquiétant… il n'existe plus rien". Il est alors consigné un différend entre Lucette et les soignants. Ceux-ci considèrent satisfaisante le rétablissement de la patiente, mais celle-ci ne se trouve pas bien. La lithiothérapie est interrompue du fait de l'inobservance de la patiente. A sa sortie, Lucette reçoit régulièrement l'équipe de visites à domicile. La patiente est réhospitalisée encore une fois en avril 96.

En Janvier 98 pendant une nouvelle hospitalisation, le fils de Lucette prend contact avec l'équipe et explique que, comme à chaque fois, la rechute se produit lorsque lui et sa famille partent en vacances, et Lucette reste seule sans pouvoir s'occuper de sa petite fille, ce qui est perçu comme très valorisant par l'entourage. Dans le service elle se montre négativiste, manifestant une certaine agressivité envers les soignants et refuse toute aide qu'on puisse lui apporter.

En juillet 98 alors que Lucette est suivie régulièrement par l'équipe de visites à domicile, à l'occasion d'une interruption imprévue, elle pense "qu'elle n'est pas une malade intéressante" et arrête son traitement. Un épisode hypomaniaque entraîne alors une nouvelle hospitalisation. En même temps, son fils prépare un départ en vacances dans le village d'où elle est originaire, car il va y avoir une fête très importante dans la famille. L'hospitalisation rend impossible la participation de Lucette à la fête, car le fils dit qu'il ne peut pas l'amener dans cet état. Après coup, Lucette va rejeter la faute sur sa dentiste qui ne lui a pas fait à temps sa prothèse…

En novembre de la même année, Lucette se rend dans son village où elle est attendue chez sa belle-sœur, mais lorsqu'elle arrive à la gare et du premier coup d'œil ne voit personne, éprouve un sentiment d'abandon, et va passer tout son séjour au lit ayant tout le temps l'impression qu'on ne s'occupe pas bien d'elle. Dès son retour au domicile, elle arrête tout traitement et l'équipe de visites à domicile décide de l'hospitalisation. Dans le service elle va montrer essentiellement une grande inhibition, des idées d'incurabilité.

Après cette hospitalisation intervient le déménagement de son fils qui s'éloigne du domicile de Lucette. Elle se plaint amèrement de le voir très irrégulièrement. Un nouvel épisode se produit à l'occasion de la fête d'anniversaire de sa petite fille, fête à laquelle elle n'est pas présente. Décide alors d'arrêter son traitement et sombre dans un état mélancolique. Pendant l'hospitalisation Lucette va montrer des signes de dépersonnalisation: "je ne sais plus qui je suis, Qui est Lucette?; Je n'ai plus de fils ni de petite fille". Après un mois d'hospitalisation et la reprise du traitement, Lucette peut retourner chez elle. Nous pouvons noter à chaque fois une assez bonne réponse aux traitements instaurés.

Ce cas nous paraît assez illustratif de la diversité concrète de la clinique: épisodes confusionnels, épisodes délirants congurents et non congruents, épisodes "simples", et personne ne doute sur le diagnostic: folie maniaque-dépressive. Mais, comme dit Minkowski, "avec le diagnostic l'analyse clinique ne fait que commencer" (30).

L'historisation de Lucette

Si nous voulons maintenant aborder ce problème dans sa particularité radicale, car nous pensons que la clé de son traitement passe par là, donnons la parole à Lucette, car comme le dit Lacan "L'histoire n'est pas le passé. L'histoire est le passé pour autant qu'il est historisé dans le présent - historisé dans le présent parce qu'il a été vécu dans le passé" (22, p. 19). Et Lacan rajoute, "Le centre de gravité du sujet est cette synthèse présente du passé qu'on appelle l'histoire" (22, p. 46). C'est pourquoi le déclenchement n'est pas un life event, mais une causalité du sujet.

Lucette nous raconte qu'elle est la deuxième d'une fratrie de quatre enfants, "des hommes terriens" originaires d'un région montagneuse. Sa mère et son père ne s’entendaient pas bien. "Ma mère était petite, elle a fait cinq enfants… c’est trop pour quelqu’un aussi petit". "Ma mère faisait des dépressions, car elle ne s’entendait pas bien avec mon père", décrit comme "gaillard, assez violent" frappant sa mère, et aussi ses enfants. "Du fait qu’elle était "comme absente", c’est ma grande mère maternelle qui s’occupait de nous". "Elle faisait des dépressions, je le pense aujourd’hui au vu de ce que je fais, et qui sont "des dépressions"; ça doit avoir un rapport".

Lucette avait une sœur âgée de deux ans de plus qu’elle, à laquelle elle était attachée et qui était la préférée du père. "Ma sœur aînée était un garçon manqué. C’était elle qui partait avec mon père travailler à la ferme. Elle était pleine de santé alors que j’étais chétive, je faisais des rhumes, ma mère me mettait des compresses sur la gorge".

"Ma sœur a été tuée lorsqu’elle avait 16 ans à la ferme. Sa tête a été écrasée par une charrette qu’elle conduisait, le bœuf lui a marché sur le pied et elle est tombée en arrière et sa tête a été écrasée par le fer de la roue… Elle criait maman... On lui a mis un bandeau autour de sa tête comme une religieuse, j’étais à l’école. Ça a été une grande perte car elle travaillait beaucoup".

Lucette se marie une première fois avec un homme "paresseux et oisif" pour qui elle a eu le coup de foudre, mais qui la trompait et qui la quitta au bout de cinq ans de mariage: "Ce sont toujours les hommes qui me quittent". De ce mariage, il n’y eut pas d’enfant. Elle se marie une deuxième fois: "J’ai retrouvé mon deuxième mari dans un bal, j’étais dix ans plus grande que lui, il m’avait menti, j’avais trente sept ans". De ce mariage, elle a eu un fils et elle suit son mari qui est muté en région parisienne.

"Ma première tentative de suicide c’était en 72, j’avais 47 ans, je ne me sentais pas bien, car je ne m’entendais pas avec mon mari. Il travaillait et sortait beaucoup sans moi. Un jour mon fils était parti en colonie de vacances, mon mari était parti travailler; je me sentais seule. J’étais nue dans la baignoire et j’ai essayé avec un couteau de me trancher la gorge… Ça saignait de partout. Mon mari m’a trouvé et m’a sauvé, sinon j’aurais pu mourir ".

Quelque temps après ses premières hospitalisations en psychiatrie, Lucette divorce une deuxième fois (c’est son mari qui la quitte). Là, elle a eu l’impression de se retrouver sans rien. Lucette était laborantine lorsqu’elle était dans le Sud, mais lorsque son mari a été muté en banlieue parisienne, elle n’en avait pas recherché d’autre, se consacrant à son fils

S'ensuivent des très nombreuses rechutes, avec un caractère qu'on pourrait appeler "saisonnier": à chaque départ en vacances de son fils. "Qu'est-ce qui fait une montagnarde toute seule dans cette région parisienne?", c'est sa question.

Alors son récit éclaire son "histoire psychiatrique", et il nous est facile alors repérer la surdétermination des "conjonctures signifiantes" où nécessité et hasard se retrouvent. Lacan trouvait dans la défénestration du mélancolique un tentative de traversée de l'image, exemple même de l'impulsion à rejoindre l'être: "Comme cet objet a est d'habitude masqué derrière l'image du narcissisme, c'est là ce qui nécessite pour le mélancolique de passer au travers de sa propre image, de pouvoir atteindre cet objet a dont la commande lui échappe, dont la chute l'entraînera dans la précipitation suicide" (Lacan, Séminaire sur L'Angoisse, cité par Laurent 24). Le choix de l'égorgement chez Lucette se trouve, peut être, surdéterminé par les compresses que sa mère lui posait lorsqu'elle était malade, ou bien par "le fer" qui tue sa sœur à qui on lui posait aussi un bandeau autour de la tête. Le délire d'exsanguination pourrait se rapporter à cet événement, et sans doute au fantasme qu'elle met en scène dans sa baignoire.

L'hospitalisation présente se déroule selon "un pattern" assez habituel chez elle: quelque chose de la réalité montre une faille, quelque chose n'est pas là où elle l'attend, et elle se sent lachée, laissée tomber en plan et elle arrête son traitement. "Dans mon immeuble je n’arrive pas à me faire des amies, je suis seule; je ne vois pas souvent mon fils; je n’arrive pas à sortir. Quand j’arrête mon traitement je le fais volontairement, je me dis qu'il faudrait que j’aille prendre mon traitement, mais je ne veux pas; je me laisse "enterrer" progressivement". Alors, Lucette rejette l'Autre: ne croît plus en Dieu, ni dans les médicaments, ni dans les soignants, ni dans son nom propre. C'est cette conjoncture, qui est déjà un déclenchement, qui provoque "l'inobservance" du traitement. L'une des première choses qu'elle retrouve lors de ses améliorations est la foi en Dieu, l'envie de se rendre à Lourdes, et la "promesse" faite aux soignants qu'elle va prendre son traitement.

Les éléments non congruents ou incompréhensibles retrouvent le texte qui les ordonne et lui donnent sens: l'incroyance dans l'Autre, dans la figure de cette mère absente avec laquelle elle se retrouve dans "la dépression", présence et absence frappés d'inertie dialectique, car comme elle dit "ça doit avoir un rapport". Et c'est cette incroyance fondamentale qu'est l'obstacle majeur à sa prise en charge, car toute contrariété fortuite est vécue comme une preuve du laisser tomber par l'Autre. C'est donc sur ce plan que doit pivoter la prise en charge.

Du point de vue de l'identification, c'est son rôle sociale qui lui sert de prothèse, de suppléance intercritique, son être n'a de place qu'en tant que mère: "Presque tout ce que je fais, je le fais à partir de mon fils. Je lui téléphone presque tous les jours. Je vais avec lui pour m’acheter des vêtements. Je suis ses conseils pour tout. Mon fils est comme moi: quand on ne va pas bien, on n’a rien à se dire. Maintenant c’est ma petite fille qui prend cette place… si elle savait de quoi elle est investie…" . Sur ce point, l'accompagnement thérapeutique se doit de lui proposer de démultiplier les objets d'investissement afin de lui laisser des points d'accrochage lorsque les autres sont défaillants, comme le dit Giudicelli "le collectif soignant en tant que surface apte à supporter le transfert multifocal en points d'ancrage symbolique" (11). Evidemment, ce n'est pas tâche facile puisqu'après tout c'est elle qui choisi. En un certain sens, le travail ne fait que commencer… Le traitement doit s'adapter à ses délicates particularités au lieu de se rigidifier sur un protocole. La compliance au traitement ne se fait pas en détriment de la relation thérapeutique, bien le contraire. Il n'y a pas de fatalité mécanique pour ses rechutes: un travail préventif doit être tenté. Tels sont les enseignements que nous tirons de son cas.

Conclusion

Nos propos sont guidés par le sentiment que l'hégémonie d'une dimension du soin psychiatrique, avec ses développements statistiques, biologiques, pharmacologiques, accompagnés de nombreux glissements sémantiques et conceptuels impliquant un assèchement clinique, se font en détriment de la qualité des soins proposés, et de la vérité scientifique elle-même. La maîtrise comptable de soins d'un côté, l'expansion de l'industrie pharmaceutique de l'autre constituent une tenaille où les sujets risquent d'être asfixiés (les malades et les soignants à la même enseigne!). Quelle pourrait être la réponse aujourd'hui à la question que posait Szasz …pour qui travaille le psychiatre?

Le trésor clinique patiemment construit doit nous servir de boussole et nous rappeler que la psychiatrie a une histoire, que celle-ci ne s'est pas arrêté aujourd'hui, et que nos concepts "modernes" sont tout entiers soumis à cette même loi de relativité historique. Cette même histoire nous montre régulièrement que les liens entre psychiatrie et philosophie sont consubstantiels, ce qui nous donne le droit d'interroger au nom de quoi se forgent les concepts, même les plus "athéoriques".

A ce propos, Tatossian signale que poser la question de façon à se river sur le seul problème de déterminer où passe la "vraie" frontière qui est présupposé exister entre psychoses affectives et psychoses schizophréniques nécessite l'acceptation implicite mais sans réserve qu'il existe dans la réalité des entités nosologiques indépendantes: "Se demander devant un syndrome maniaque atypique s'il s'agit d'une manie ou d'une schizophrénie maniforme, c'est négliger qu'il n'est présentement peut-être ni l'un ni l'autre mais peut devenir l'un ou l'autre, selon ce que nous ferons, le malade et nous, de ce qu'il vit" (36). Ainsi paraphrasant très légèrement Henri Ey, l'essentiel pour le Médecin qui a la responsabilité du drame que représente toujours la maladie mentale authentiquement diagnostiquée et raisonnablement pronostiquée, ce n'est pas d'observer mais d'agir (8, p. 278), ce qui nous permet enfin de dépasser Kraepelin.

Revisiter les classiques, interroger avec eux nos concepts, les mettre au service des "bonnes pratiques", replacer l'être humain malade au sein de notre dispositif de soins, c'est notre tâche aujourd'hui. Nous rappeler ce que disait Ey: se placer "dans une perspective thérapeutique qui exclut tout choix ou tout refus systématique d'une méthode exclusivement psychologique ou physique" (8, p. 274).

Note

Ces mots de Gould s'appliquent parfaitement à notre sujet: "Ce platonisme persistant explique selon moi l'inversion désastreuse si souvent appliquée aux moyennes que nous calculons. Dans le monde postplatonicien de Darwin, la variation est la réalité fondamentale et les moyennes calculées deviennent des abstractions. Or nous privilégions toujours l'ancien point de vue et considérons que les variations ne forment qu'un ensemble
 
 

BIBLIOGRAPHIE

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