L'HALLUCINATION : DE L'EVENEMENT A L'IDEOLOGIE. EY AVEC BADIOU

Symposium CREHEY, 15° congrès de la 
World Psychiatric Association
Buenos Aires, le 21 septembre 2011
Eduardo Mahieu


 
 
 
 
Dans le Traité des hallucinations, Henri Ey nous guide par un itinéraire qui va de l'éclosion de l'Hallucination dans les accès aigus à sa décantation en paroles, puis en idées, comme résultante d'un travail délirant. Ey parle du travail du délire comme étant une dialectique qui travaille l'être, lévénement hallucinatoire et la logique de son monde. Nous y reconnaissons les mêmes termes utilisés par Alain Badiou pour aborder les procédures de vérité : la politique, la science, l'art et l'amour. Ey voit dans le délire une procédure de vérité dans ce sens précis : un événement introduit une discontinuité hétérogène qui engage le sujet dans des procédures d'obstination, de réaction ou de fidélité. Un tel processus peut donner lieu à un sujet fidèle, réactif, obscur ou atone. Cependant, Ey introduit une différence : la procédure de vérité dans le délire lui semble fausse. Telle fausseté pourrait se situer dans le fait qu'il ne construit pas un monde sur la scène du Deux, comme dans l'amour, ni collective, comme dans la politique, mais il constitue une revanche ultime de l'Un, qui transforme l'Eigenwelt délirante en un « univers concentrationnaire de solitude ». Et pourtant, Ey imagine une autre issue : un « processus métapsychotique », comme dans les paraphrénies, une métamorphose entre image, parole et idée qui emprunte du "poète et de l'érudit", où l'on garde la tête dans les nuages mais les pieds sur terre.


Pourquoi Ey avec Badiou?

Dans les différentes versions de Paris, Capitale du 19ème siècle, le philosphe allemand Walter Benjamin imagine pour chacune de ses principales sections, un contraste entre deux figures, à priori disparates et inégales. Une méthode critique, qui lui permet de créer  tensions et faire surgir des constellations d'idées. Ce n'est pas par hasard que c'est dans ce travail que se trouve sa définition de l'image dialectique. Cependant, telle n'est pas la direction que nous prenons dans ce travail pour aborder l'hallucination, même s'il nous plaît de rêver que faire rencontrer Henri Ey avec Alain Badiou soit d'inspiration benjaminienne. Une rencontre un peu surprenante, qui peut ne pas plaire, et que pourtant trouve à nos yeux un intérêt majeur : faire ressortir le versant critique que peuvent projeter sur notre temps les travaux d'Henri Ey sur l'hallucination.

Prenons départ dans le livre d'Alain Badiou Logique des mondes, l'être et l'événement II, où il dit que l'idéologie enveloppante du siècle est ce qu'il nomme le matérialisme démocratique, dont un des autres noms possibles et le postmoderne. Un matérialisme qui fait de la catégorie de vie un axe central et qui valide l'équation existence = individu = corps. Un biomatérialisme qui conduit à une biopolitique qui nous prépare à son tout à une démocratie sans sujet qui abandonne les individus à l'organisation en série des identités ou à la confrontation de la désolation de leurs jouissances, dit Alain Badiou. Il ne nous est pas difficile d'inclure ici ce que nous pourrions appeler une psychiatrie sans sujet, qui devient chaque jour plus enveloppante et se prête d'autant mieux à l'organisation des identités psychiatriques. C'est le point où nous faisons se rencontrer Henri Ey avec Alain Badiou. Car le philosophe propose dans son ouvrage une politique de Sujets et Vérités comme antidote au matérialisme démocratique des corps et individus. Dans le champ de la psychiatrie, Henri Ey, de façon anachronique pourrions nous dire, ne propose pas autre chose. Il suffit de lire ses travaux sur l'hallucination, axe de sa pensée, pour se rendre compte que la rencontre improbable n'est pas fortuite.

Reprenons les choses par leur côté clinique. Dans le Traité des hallucinations, Henri Ey nous guide à travers d'un itinéraire qui va de l'éclosion de l'Hallucination dans les accès aigus à sa décantation en paroles, puis en idées, comme résultat d'un travail délirant. Henri Ey nous parle du travail du délire comme étant une dialectique qui traverse l'être, l'événement hallucinatoire et la logique du monde délirant qui se construit. Non sans surprise, nous reconnaissons les mêmes termes que ceux utilisés par Alain Badiou pour aborder les procédures de vérité : la politique, la science, l'art et l'amour. Procédures qui engagent le sujet dans des processus d'obstination, de compromis, de fidélité. Nous verrons alors que dans le trajet qui va de l'événement hallucinatoire au délire idéologique de la paraphrénie, comme le nomme Henri Ey, le psychiatre ébauche une véritable politique du sujet délirant dans la construction de son monde. Nous devons préciser ici que sa manière dialectique de penser est très proche de celle de l'historien de l'art allemand Aby Warburg : non pas une pensée de dichotomies et oppositions, mais de polarités et tensions. C'est ainsi que nous notons que pour Henri Ey entre Hallucination et Délire il n'existe pas de discontinuité mais tension polaire, et que ce fait conditionne la direction des analyses cliniques du deuxième tome de l'ouvrage auquel nous nous référons ici principalement.

L'événement hallucinatoire

Alain Badiou nomme événement ce qui n'a pas lieu d'être. Une rupture réelle au sein de la multiplicité. En d'autres termes, l'apparition d'une vérité qui constitue une exception au monde des opinions, quelque chose qui laisse une trace et qui organise les lieux, qui prescrit des effets et qu'induit le surgissement d'un sujet propre. Comme nous pouvons lire dans le Traité, ce sont les mêmes caractéristiques qu'Henri Ey signale comme propres à l'Hallucination : irruption effractive et anomique, la Voix qui annonce le délire et qui surgit comme la trompette du Jugement dernier, un événement prodigieux et éternel, un phénomène de caractère hétérogène, un processus en troisième personne auquel Henri Ey consacre une bonne partie de ses efforts d'élaboration. Tel événement prescrit aussi des effets au sujet qui l'expérimente. Effets et destins qui, comme nous le verrons, sont comparables à ceux qu' Alain Badiou élabore en son oeuvre.

Arrêtons nous un instant sur ce qu'Henri Ey pense des rapports entre Hallucination et Délire. Il affirme que, bien que l'on ne puisse pas les confondre dans une seule notion, ils constituent les deux polarités d'un même processus. Il le démontre lorsqu'il prête attention aux notions élaborées par la psychiatrie allemande des débuts du 20ème siècle, en particulier la Wahnwahrnehmung (perception délirante), qui englobe hallucination et interprétation sur le mode d'une tension polaire entre l'une et l'autre. Un des pôles le constitue l'Hallucination en tant qu'événement et rupture, de caractère primaire et immotivé, en tout hétérogène au sujet. Cependant, du fait qu'Henri Ey lie inextricablement le vécu au pensé et parlé, l'autre pôle sera constitué par l'idéation et l'incorporation au monde à travers du processus idéo-affectif qui, comme nous le verrons, peut adopter aussi le nom de systématisation. C'est à dire la prévalence de l'idée sur le percept et le sensible, ce qui lui arrive de nommer idéologie délirante. Une polarité dialectique, alors, dans laquelle les formes et les transformations ont une importance cruciale. 

Procédures de Vérité

Reprenons ce qu'Alain Badiou dit : la vérité de l'événement implique un sujet. A cet égard, Alain Badiou affirme que le sujet est structure, mais que le subjectif, l'affirmation de la structure, est plus qu'elle même. Une dialectique entre le sujet en tant que structure et le subjectif en tant qu'acte. Une figure qui dit plus que les combinaisons qui la soutiennent, qui impose au sujet des opérations qu'impliquent à leur tour des destinées. De son côté, Henri Ey appelle syntaxe imaginaire le travail délirant qui conduit, mais pas nécessairement, de l'événement à la transformation de l'Hallucination en fiction, et de là à la construction d'un monde délirant qui suit la trace de l'événement. Les différentes destinées de la figure du sujet ne sont autres que les figures cliniques bien connues, mais considérées classiquement comme des entités séparées. Et au sein desquelles, les débats sur la présence ou pas d'hallucinations, et leurs rapports avec le délire, a toujours donné lieu à des controverses. Ce que Henri Ey soutient avec fermeté, se reconnaissant en toute une tradition psychiatrique, est que la subjectivation apellée travail délirant est capable de produire des transformations dans les figures cliniques, et que dans ce processus les rapports entre Hallucinations et Délire sont déterminantes. 

Dans son aspect les plus freudien, Henri Ey reconnaît, au sein du processus psychotique, l'irruption d'une vérité, que ce soit dans la forme la plus hétérogène de l'Hallucination, ou bien dans l'imagination commune à tous les hommes. Cependant, cette vérité lui paraît entachée de fausseté. Il pense, même si son propre travail nous permet de tempérer cette affirmation, que la destinée naturelle du délire est l'enfermement dans un univers concentrationnaire de solitude. En d'autres termes, une destinée où l'hétérogène, l'irruptif, serait réduit à une rupture du lien social et où l'Eigenwelt délirant, le monde propre du délire, ne serait que désolation et solitude. Ce qui dans les termes d'Alain Badiou se dirait comme une revanche ultime de l'Un, bien différent de la scène du Deux de l'amour ou d'autres sites de la vérité comme l'art, la politique ou la science. 

Figures du sujet

Poursuivant notre lecture croisée, retournons à l'ouvrage d'Alain Badiou pour apporter de précisions cliniques. Un rupture dans le monde est supposée (l'événement), qui laisse une trace et qui induit à son égard des opérations par le sujet, ce qui, à son tour, détermine des figures qu'Alain Badiou appelle destinées. Il distingue ainsi les catégories de la production, la dénégation, l'effacement et la résurrection. Puis, tels processus peuvent donner existence à un sujet fidèle, réactif, obscure ou atone

Nous voyons une preuve de la généricité du vrai dans le fait que nous trouvons dans le Traité des hallucinations les figures cliniques qui correspondent aux destins du sujet de la vérité chez Alain Badiou. Et nous pouvons préciser encore que, dans le Traité, le processus qui détermine les différents destins cliniques est la relation entre l’Hallucination (comprise comme événement) et le Délire (compris comme le travail de syntaxe du sujet et la logique du monde résultante). Dans le deuxième tome de l’oeuvre d’Henri Ey nous retrouvons cette façon d’aborder la clinique des dits délires chroniques. Avec une mention particulière pour l’attention qu’il prête aux transformations du délire. Il est peut être le seul clinicien qui ait ainsi repris un des topiques classiques de la psychiatrie du 19ème siècle, jusqu’à ce que Jean-Claude Maléval lui ait donné sa version psychanalytique dans l’ouvrage plus récent, Logique du délire. Ici même, dans ce congrès, l’exposé de Dominique Wintrebert sur la paraphrénie, à l’atelier de l’Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale, fournit clarté et précision à ce point de l’histoire de la psychiatrie.

Signalons le fait que nous introduisons des changements à l’ordre établi par Alain Badiou dans son ouvrage pour l’accommoder aux élaborations cliniques de Henri Ey.  Supposons alors un événement qui laisse une trace et un nouveau corps. Dès lors, l’ensemble des conséquences possibles de la trace de l’événement constitue un présent¸ et un présent qui apparaît comme possible. De cette dialectique surgissent les figures suivantes :

Le sujet obscur

Selon Alain Badiou, face aux conséquences surgies dans le nouveau présent de l’événement, le sujet obscur procède à leur occultation et sa tentative d’abolition. La destruction du corps de l’événement s’accomplit par morcellement, ce qui le réduit à des simples restes. Prenons l’exemple clinique d’un événement hallucinatoire qui annonce au sujet une vérité qui le concerne. Henri Ey expose une figure clinique dans laquelle il existe une mélange inextricable d’idées délirantes et hallucinations, qui s’expriment à travers d’énoncés abstraits et quelquefois incohérents, qui enferment le sujet dans le labyrinthe d’un discours incompréhensible et parfois néologique. La tension polaire entre hallucination et délire, c’est-à-dire entre l’événement et la production d’un monde comme fiction délirante, ne se résout pas et la vérité demeure invisible et inopérante. La dissémination de l’événement hallucinatoire oscille entre la voix et le corps sans que rien ne prenne forme. Nous reconnaissons ici sans difficultés la figure clinique de la schizophrénie, dans laquelle il se construit un Eigenwelt qui conduit à l’univers concentrationnaire de solitude de l’autisme, selon l’expression du psychiatre. La destruction du corps de l’événement peut même conduire, dans ses formes terminales graves¸ à la Verblödung (démence) des auteurs classiques allemands. Alain Badiou situe le sujet obscur comme paradigmatique du fascisme, mais nous pensons qu’il est injuste d’étendre cette caractérisation au sujet obscur clinique, pas que nous ne franchirons pas.

Le sujet réactif

Pour Alain Badiou, le sujet réactif est celui qui résiste à la nouveauté de l'événement, d'où lui vient sa catégorisation de réactionnaire. La négation est sa principale modalité de subjectivation : un non à l'événement ! Cependant, selon Alain Badiou, dans cette négation subsiste une certaine reconnaissance de l'événement. Le présent se doit d'être moins mauvais que l'événement en tant que passé. Henri Ey reconnaît dans la figure clinique de la paranoïa le type même de travail discursif qui produit une falsification et une inversion de son rapport avec le monde ouvert par l'événement.

Partant de là, le sujet réactif se consacre à la dite systematisation, qui fonctionne comme le fer de lance dirigé contre le monde ennemi, érigé comme obstacle. Ce mouvement possède la faculté de transformer les moulins à vent en chevaliers ennemis, comme le dit Henri Ey, qui élargissent jusqu'à l'infini ce que le sujet perçoit de façon négative comme le signe dramatique de sa vérité. Alain Badiou, considère que le présent du sujet es un présent confus qui le déchire entre les conséquences désastreuses de la production subjective post-événementielle et son contre-effet raisonnant. 

La psychopathologie nomme processus psychique cet opérateur qui transforme en idées et dogmes le fait primordial de l'événement, dont la paternité est attribuée à Karl Jaspers par Henri Ey. Souvenons-nous qu'Henri Ey fait partie, avec d'autres comme son ami Jacques Lacan, de ceux qui considèrent le moment fécond hallucinatoire comme un fait essentiel des délires paranoïaques.

Le sujet fidèle

Sans doute, le sujet fidèle est le plus prestigieux aux yeux d'Alain Badiou, le personnage centrale de son élaboration philosophique. Il lui apparaît comme celui qui se consacre à la production des conséquences de l'événement, celui qui engendre une expansion du présent et qui expose, fragment par fragment, la vérité de l'événement. Le résultat d'une telle fidélité est un nouveau présent qui recueille point par point la nouvelle vérité. Alain Badiou ne se prive pas d'utiliser une terminologie de résonance théologique pour situer son destin : la résurrection.

De son côté, Henri Ey reconnaît que le travail délirant puise constituer une solution à la fracture du monde imposée par l'événement hallucinatoire. C'est ce qui arrive dans la figure clinique de la paraphrénie, dont Henri Ey est un des rares psychiatres du XXème siècle à redorer le blason de l'entité kraepelinienne. Pour lui, le délire paraphrénique constitue une idéologie, une mythologie qui conduit à une diplopie du réel et de l'imaginaire. Là réside sa faculté de pacification et de neutralisation de la tension polaire. Entre Hallucination et Délire, dans la paraphrénie, la voix qui annonce le délire et qui éclate comme la trompette du Jugement dernier, s'évanouit dans le monde qu'elle fait apparaître comme fiction, et qui se projette de manière prophétique dans l'avenir ou l'éternité, dans un monde hors-temps. 

Ce processus, nommé alors métapsychotique par le psychiatre, est une notion qui lui est propre et qui métamorphose l'hallucination en fabulation, s'évanouissant ainsi dans le monde qu'elle a fait apparaître. Une procédure qui a quelque chose du poète et de l'érudit, où les rapports entre parole, image et idée trouvent une solution aux antipodes de l'univers concentrationnaire de la schizophrénie.

Le processus métapsychotique est, selon Henri Ey, une tension entre représentation et fiction, entre image et parole. Un processus qui partant de l'expérience imaginaire se lance vers un travail discursif. Il en résulte une production hétérogène, irréductible à toute compréhension - dans le sens précis de Karl Jaspers -, qui devient une orientation globale de l'existence, soumise éventuellement à une transformation constante, et qui se confronte à l'infinité de points fragiles de la réalité pour constituer sa mondanité. C'est-à-dire ses relations existentielles plus ou moins permanentes, qui se voient produites par un travail - selon l'expression su psychiatre français du XIXème siècle -, ce qui lui permet d'affirmer, encore une fois, que le délire n'est pas la pure passivité du pathos subi de l'expérience délirante primaire, mais aussi une activité créatrice. Un travail de la fonction sur elle-même pour la production du délire par le délire, dans laquelle le sujet engage sa personne, sans quoi il n'y a pas de délire, comme Henri Ey le répète avec insistance. Une vaste fresque poétique dans laquelle on maintient son esprit dans les nuages mais où l'on conserve les pieds sur terre et qui peut finir par rompre l'univers de solitude du Eigenwelt de l'Un pour sortir ainsi du cycle de l'impuissance et la nécéssité de la psychose.

Le sujet atone

Finissons nos propos avec une figure particulière du sujet, un tant excentrée par rapport à la série établie par Alain Badiou et aux considérations du Traité d'Henri Ey. Pour Alain Badiou, le sujet atone est celui qui s'accommode de l'impératif contemporain vis sans Idée ! Pour ce sujet, l'événement devient une conception du présent sans tonalité. Nous imaginons qu'Henri Ey, inspiré par le psychiatre allemand Ludwig Binswanger, pourrait y reconnaître la position maniaco-dépressive. C'est un fait du Traité et de l'ensemble de l'oeuvre de Henri Ey, qu'il cherche toujours à établir un rapport entre ces formes des dites psychoses aiguës et la construction des délires chroniques. Toutes ses descriptions montrent que l'Hallucination lui apparaît comme essentielle dans la mélancolie ou la manie, même si elles sont volatiles, fugaces, sans que le sujet les prenne au sérieux, comme s'il s'agissait d'un jeu. Il en va de même avec les fictions délirantes qui ne finissent jamais de décanter. Avec Ludwig Binswanger, Henri Ey conçoit l'existence dans la fuite des idées comme un renoncement au savoir authentique. Rien n'est pris au sérieux. Il n'existe pas de la part du sujet de travail sur la vérité dévoilée dans l'expérience de l'événement. Un flottement neutre dans le tout, une attitude d'insouciance, conduisent à un vagabondage dans le savoir et le monde qui dissout toute problématique et qui trompe le patient sur la possibilité d'être heureux sans désir.

Conclusion

Ce qui nous permet de conclure nos propos en même temps que nous retournons à notre point de partie dans la lecture croisée entre le psychiatre et le philosophe. Puisque tel sujet sans désir est celui qui correspond au matérialisme démocratique contemporain auquel Alain Badiou s'oppose. Nous imaginons qu'Henri Ey verrait du même oeil au personnage sans désir qui est le plus souvent le paradigme de la psychiatrie sans sujet. Nos auteurs se débattent ainsi avec le même problème et leurs pensées critiques nous paraissent vitales aujourd'hui. C'est en tout cas ce que nous proposons à votre discussion.

BIBLIOGRAPHIE
AGAMBEN Giorgio, La puissance de la pensée, Rivages, 2006.
BADIOU Alain, Logique des mondes. L'être et l'événement T. II, Seuil, 2006.
BADIOU Alain, Eloge de l’amour, Flammarion, 2009.
BENJAMIN Walter, Paris, Capitale du XIXe siècle, Editions Allia, 2003.
EY Henri, Traité des hallucinations (1973), réed. Crehey, à paraître, 2012.
EY Henri, Leçons du mercredi sur les délires chroniques et les psychoses paranoïaques, CREHEY, Perpignan, 2010.
MALEVAL Jean-Claude, Logique du délire, Masson, 1997.

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LA ALUCINACIÓN : DEL ACONTECIMIENTO A LA IDEOLOGÍA : EY CON BADIOU
 

En el Tratado de las Alucinaciones Henri Ey nos guía por un itinerario que va de la eclosión de la Alucinación en los accesos agudos a su decantación en palabra y de allí a ideas, como resultado de un trabajo delirante. Ey habla del trabajo del delirio como una dialéctica que trabaja el ser, el acontecimiento alucinatorio y la lógica de su mundo. Reconocemos los mismo términos que utiliza Alain Badiou para abordar los procedimientos de la verdad : la política, la ciencia, el arte y el amor. Ey reconoce en el delirio un procedimiento de la verdad en ese mismo sentido : un evento introduce una discontinuidad heterogénea que compromete al sujeto en procesos de obstinación, de compromiso, de fidelidad. Dicho proceso puede dar existencia a un sujeto fiel, reactivo, oscuro o átono. Sin embargo, Ey hace una distinción : el procedimiento de la verdad en el delirio le parece falso. Tal falsedad podría situarse en el hecho que no construye un mundo en la escena del Dos, como el amor, ni colectiva, constituyendo una última revancha del Uno, que torna el Eigenwelt délirante en un « universo concentrationario de soledad ». Sin embargo, Ey imagina otra solución : un « proceso metapsicótico », como en las parafrenias, una metamorfosis entre imagen, palabra e idea que toma "del poeta y del erudito", en el que se guarda los pies en la tierra y la cabeza en las nubes.
¿Porqué Ey con Badiou?

En sus diferentes versiones de París, Capital del siglo 19, el filósofo alemán Walter Benjamin imagina para cada una de sus principales secciones un contraste entre dos figuras, a priori disparates y desiguales. Un método crítico, que le permite crear tensiones y hacer surgir constelaciones de ideas. No en vano en dicho trabajo se encuentra su definición de la imagen dialéctica, que podría también ser un forma interesante de abordar la alucinación. No es la dirección que tomamos en este trabajo, aunque nos gusta suponer que el hecho de hacer frecuentar Henri Ey con el filósofo francés Alain Badiou sea de inspiración benjaminiana. Un encuentro un tanto sorprendente, que puede no gustar y que sin embargo tiene a nuestros ojos un interés mayor : resaltar la vertiente crítica que proyectan los trabajos de Henri Ey sobre la alucinación en nuestro actualidad.

Tomemos inicio en el libro de Alain Badiou Lógica de los mundos, el ser y el acontecimiento II, en el cual nos dice que la ideología envolvente del siglo es lo que llama materialismo democrático, uno de cuyos nombres posibles es lo postmoderno. Un materialismo que hace de la categoría de vida un eje central, y que valida la ecuación existencia = individuo = cuerpo. Un biomaterialismo, según su expresión, que conduce a una biopolítica que nos prepara una democracia sin sujeto y que abandona los individuos a la organización en serie de las identidades o a la confrontación de la desolación de su goce. No nos cuesta mucho incorporar aquí lo que podríamos llamar una psiquiatría sin sujeto que se torna cada vez más envolvente y se presta tanto mejor a la organización en serie de las identidades. Este es el punto en el que provocamos el encuentro entre Henri Ey y Alain Badiou. Puesto que el filósofo propone en su obra una política de Sujetos y Verdad como antídoto al materialismo democrático de cuerpos e individuos. En el campo de la psiquiatría, Henri Ey, de modo anacrónico, no propone otra cosa diferente. Basta con leer sus trabajos sobre la Alucinación, eje conductor de su pensamiento, para darse cuenta que el encuentro improbable no es fortuito.

Retomemos las cosas por su lado clínico. En el Tratado de las Alucinaciones Henri Ey nos guía por un itinerario que va de la eclosión de la Alucinación en los accesos agudos a su decantación en palabra y de allí a ideas, como resultado de un trabajo delirante. Ey habla del trabajo del delirio como una dialéctica que trabaja el ser, el acontecimiento alucinatorio y la lógica del mundo delirante que se construye. No sin sorpresa reconocemos que los términos utilizados son los mismos de los que se sirve Alain Badiou para abordar los procedimientos de la verdad : la política, la ciencia, el arte y el amor, y que comprometen al sujeto en procesos de obstinación, de compromiso, de fidelidad. Veremos entonces que en el trayecto que va del acontecimiento alucinatorio al delirio ideológico de la parafrenia, como lo llama Henri Ey, el psiquiatra esboza una verdadera política del sujeto delirante en la construcción de su mundo. Debemos precisar aquí que su modo de pensar dialéctico es muy cercano al del historiador del arte alemán Aby Warburg: es decir, no tanto un pensamiento de dicotomías y oposiciones, sino de polaridades y tensiones. Es así que notamos que, para Henri Ey, entre Alucinación y Delirio no existe discontinuidad sino tensión polar, y que tal hecho dicta la dirección de sus análisis clínicos en el segundo tomo de la obra a la que nos referimos aquí principalmente.

El Acontecimiento alucinatorio

Alain Badiou llama acontecimiento a aquello que no tiene lugar de ser. Una ruptura real en el seno de la multiplicidad. En otros términos, la aparición de una verdad que constituye una excepción al mundo de las opiniones, algo que deja una traza y organiza los lugares, que prescribe efectos y que induce un sujeto propio a ella misma. Como se puede leer en el Tratado, son las mismas caracterísicas que Henri Ey indica como propias a la Alucinación : irrupcion efractiva y anómica (fuera de la ley), la Voz que anuncia el delirio y que surge como la trompeta del Juicio final, un acontecimiento prodigioso y eterno, un fenómeno de carácter heterogéneo, un proceso en tercera persona, al que Henri Ey le dedica buena parte de sus esfuerzos de elaboración. Dicho acontecimiento también prescribe efectos al sujeto que lo experimenta. Efectos y destinos que, como veremos, son homogéneos a los que Alain Badiou elabora en su obra.

Detengámosnos un instante sobre lo que Henri Ey piensa de las relaciones entre Alucinación y Delirio. El afirma que, si bien no pueden confundirse en una sola noción, constituyen en cambio dos polaridades del mismo proceso. Así lo muestra cuando presta atención a las nociones elaboradas por la psiquiatría alemana de principios del siglo 20, en particular la Wahnwahrnehmung (percepción delirante), que engloba alucinación e interpretación sobre el modo de una tensión polar entre una y otra. Uno de los polos es la Alucinación como acontecimiento y ruptura, de carácter primario e inmotivado, en todo heterogénea al sujeto. Sin embargo, como para Henri Ey el proceso psicótico liga inextricablemente lo vivido a lo pensado y hablado, el otro polo lo va a constituir lo ideado e incorporado al mundo a través del proceso ideo-afectivo que, como veremos, puede adoptar también el nombre de sistematización. Es decir la prevalencia de la idea sobre el percepto y lo sensible, lo que le acontece llamar ideología delirante. Polaridad dialéctica entonces, en las cuales las formas y transformaciones son de vital importancia. 

Procedimientos de la Verdad

Retomemos lo dicho por Alain Badiou: la verdad del acontecimiento implica un sujeto. A tal respecto, Alain Badiou afirma que el sujeto es estructura, pero que lo subjetivo, la afirmación de la estructura, es más que la estructura. Una dialéctica entre el sujeto como estructura y lo subjetivo como acto. Una figura que dice más que las combinaciones que lo sostienen, que impone al sujeto operaciones que implican destinos. Henri Ey, por su lado, va a llamar sintaxis imaginaria al trabajo delirante que conduce, aunque no necesariamente, del acontecimiento a la transformación de la Alucinación en ficción, y de allí a la construcción del mundo delirante que sigue la marca o la traza del acontecimiento. Los diferentes destinos de la figura del sujeto no son mas que figuras clínicas conocidas, aunque clásicamente consideradas como entidades separadas. Y en las cuales las discusiones sobre la existencia o no de alucinaciones, y sus relaciones con el delirio siempre han dado lugar a controversias. Lo que Henri Ey sostiene con firmeza, reconociéndose en toda una tradición psiquiátrica, es que la subjetivación llamada trabajo delirante es capaz de producir transformaciones en las figuras clínicas, y que en dicho proceso las relaciones entre Alucinación y Delirio son determinantes. 

En su aspecto más freudiano, Henri Ey reconoce en el seno del proceso psicótico la irrupción de una verdad, ya sea en su forma más heterogénea de la Alucinación, o bien de la imaginación común a todos los hombres. Sin embargo, esta verdad le parece marcada de falsedad. El piensa, aunque su trabajo mismo nos permita reducir la fuerza de tal afirmación, que el destino natural del delirio sea el encierro en un universo concentracionario de soledad. Dicho de otro modo, un destino en que lo heterogéneo, lo irruptivo, quedaría reducido a una ruptura del lazo social, y en el que el Eigenwelt delirante, el mundo propio del delirio, sería sólo desolación y soledad. Lo que en términos de Alain Badiou sería una última revancha del Uno, bien distinto de la escena del Dos del amor o de otros sitios de la verdad como el arte, la política o la ciencia. 

Figuras del sujeto

Continuando nuestra lectura cruzada, retornemos al trabajo de Alain Badiou para brindar precisiones clínicas. Se supone una ruptura en el mundo (el acontecimiento) que deja una marca o traza, que induce operaciones a su respecto por el sujeto, lo que a su vez determinan figuras que Alain Badiou llama destinos. Distingue así las categorías de la producción, la denegación, el ocultamiento y la resurrección. Dicho proceso puede dar existencia a su vez a un sujeto fiel, reactivo, oscuro o atono. 

Pensamos que es una prueba de la genericidad de lo verdadero, según la expresión de Alain Badiou, el hecho que podamos encontrar en el Tratado de las Alucinaciones las figuras clínicas correspondientes a los destinos del sujeto de la verdad de Alain Badiou. Y podemos precisar aún que, en el Tratado, el proceso que determina los diferentes destinos clínicos es la relación entre Alucinación (entendida como acontecimiento), y el Delirio (entendido como trabajo de la sintaxis del sujeto y la lógica del mundo delirante que resulta de ello). En el segundo tomo de la obra de Henri Ey encontramos esta forma de abordar la clínica psiquiátrica de los llamados delirios crónicos. Con una mención particular a la atención que Henri Ey porta a las transformaciones del delirio, quizás el único clínico que haya llamado la atención sobre lo que fuera uno de los tópicos clásicos de la psiquiatría del siglo XIX, hasta que el psicoanalista francés Jean-Claude Maleval le haya dado su versión psicoanalítica más reciente en el libro Lógica del delirio. En este mismo congreso, la ponencia de Dominique Wintrebert sobre La parafrenia, en el atelier de la Association franco-argentine de psychiatrie,  aporta claridad y precisión a este punto de la historia de la psiquiatría.

Advirtamos que alteramos aquí el orden establecido por Alain Badiou en su obra para adecuarlo a las elaboraciones clínicas de Henri Ey.  Supongamos entonces un acontecimiento que deja una traza o marca y un nuevo cuerpo. Asimismo, el conjunto de consecuencias posibles de la traza o marca del acontecimiento constituye un presente, y un presente que aparece como posible. De esta dialéctica surgen las siguientes figuras.

El sujeto oscuro

De acuerdo a Alain Badiou, frente a las consecuencias surgidas del nuevo presente del acontecimiento, el sujeto oscuro procede a su ocultamiento y a su tentativa de abolición. La destrucción del cuerpo del acontecimiento procede por despedazamiento, lo que lo reduce a meros restos. Tomemos el ejemplo clínico de un acontecimiento alucinatorio que anuncia al sujeto una verdad que lo concierne. Henri Ey expone una figura clínica en la cual existe una mezcla inextricable de ideas delirantes y alucinaciones, las que se expresan a través de enunciados abstractos y algunas veces incoherentes, y que encierran al sujeto en el laberinto de un discurso incomprensible y algunas veces neológico. La tensión polar entre alucinación y delirio, es decir entre el acontecimiento y la producción de un mundo como ficción delirante, no se resuelve y la verdad permanece invisible e inoperante. La diseminación del acontecimiento alucinatorio oscila entre la voz y el cuerpo sin que nada tome forma. Su proceso esencial es la destrucción. Reconocemos aquí sin dificultad la figura clínica de la esquizofrenia, en la cual se construye un Eigenwelt que conduce al universo concentracionario de la soledad del autismo, como se expresa el psiquiatra francés. La destrucción del cuerpo del acontecimiento puede incluso conducir, en las formas terminales graves, a la Verblödung (demencia) de los autores clásicos alemanes. Alain Badiou refiere el sujeto oscuro como paradigmático del fascismo, pero pensamos que sería injusto hacer extensiva dicha caracterización al sujeto oscuro clínico, y nos abstenemos aquí de franquear dicho paso.

El sujeto reactivo

Para Alain Badiou, el sujeto reactivo es aquel que resiste a la novedad acontecimiento, de donde proviene su categorización de reaccionario. La negación es su principal modo de subjetivación : un no al acontecimiento! Sin embargo, de acuerdo a Alain Badiou, un cierto modo de reconocimiento del acontecimiento subsiste en la negación. El presente debe ser menos malo que el acontecimiento como pasado. Henri Ey reconoce en la figura clínica del paranoico el prototipo de trabajo discursivo que produce una falsificación e inversión de su relación con el mundo abierto por el acontecimiento.

Partiendo de allí, el sujeto reactivo se consagra a la llamada sistematización, que funciona como la vanguardia (fer de lance) dirigida contra el mundo enemigo erigido como obstáculo. Dicho movimiento posee la facultad de transformar los molinos de viento en caballeros enemigos, dice Henri Ey, que amplían  hasta el infinito lo que el sujeto percibe, de modo negativo, como el signo dramático de su verdad. Alain Badiou, considera que el presente del sujeto es un presente confuso que lo desgarra entre las consecuencias desastrosas de la producción  subjetiva post-acontecimiento y su contra efecto razonante. 

La psicopatología nombra proceso psíquico, cuya autoría Henri Ey reconoce al psiquiatra alemán Karl Jaspers, al operador que transforma el hecho primordial del acontecimiento alucinatorio en ideas y dogmas. Recordemos que Henri Ey forma parte, junto a otros como su amigo Jacques Lacan, de aquellos que consideran como un hecho esencial de los delirios paranoicos el momento fecundo alucinatorio.

El sujeto fiel

Sin lugar a dudas, el sujeto fiel es el que tiene más prestigio en el pensamiento de Alain Badiou, el personaje central de su digresión filosófica. Le aparece como aquel que se consacra a la producción de las consecuencias del acontecimiento, y cuya actividad explora lo que ha acontecido, engendra una expansión del presente y expone fragmento por fragmento la verdad del acontecimiento. El resultado de tal fidelidad es un nuevo presente que recoge punto por punto la nueva verdad. Alain Badiou no se priva de utilizar una terminología de resonancia teológica para situar su destino : la resurrección.

Por su parte, Henri Ey reconoce que el trabajo delirante pueda constituir una solución a la fractura del mundo impuesta por el acontecimiento alucinatorio. Tal cosa ocurre en la figura clínica de la parafrenia, de la cual Henri Ey es uno de los pocos psiquiatras del siglo XX a redorar el blasón de la entidad kraepeliniana. Para él, el delirio parafrénico constituye una ideología, una mitología que conduce a una diplopía de lo real y lo imaginario. Allí reside su facultad de pacificación y de neutralización de la tensión. En la polaridad entre Alucinación y deliro, en la parafrenia, la voz que anuncia el delirio y que destella como la trompeta del Juicio final, se desvanece en el mundo que hace aparecer como ficción, la que se proyecta proféticamente en el porvenir o la eternidad, en un mundo fuera del tiempo. 

Tal proceso, llamado entonces por el psiquiatra metapsicótico, una noción que le es propia, metamorfosea la alucinación en fabulación y se desvanece así en el mundo que ha hecho aparecer. Un procedimiento que tiene algo del poeta y del erudito, y en el cual las relaciones entre palabra, imagen e idea encuentran una solución a las antípodas del universo concentracionario de la esquizofrenia.

El proceso metapsicótico es, según Henri Ey, una tensión entre representación y ficción, entre imagen y palabra, y que partiendo de la experiencia imaginaria se lanza hacia un trabajo discursivo. Lo que de ello resulta es una producción heterogénea, irreductible a toda comprensión - en el sentido que le da Karl Jaspers ­­-, que se torna una orientación global de la existencia, sometida eventualmente a una transformación constante y que se enfrenta a la infinidad de puntos frágiles de la realidad para constituir su mundanidad. Tal mundanidad, es decir sus relaciones existenciales más o menos permanentes, se ven producidas por un trabajo que, retomando la expresión del psiquiatra francés del siglo XIX Lasègue, le permite afirmar una vez más que el delirio no es la pura pasividad del pathos sufrido de la experiencia delirante primaria, sino también actividad creadora. Un trabajo de la función sobre ella misma, para la producción del delirio por el delirio, y en el cual el sujeto compromete su persona, sin lo cual no hay delirio, como Henri Ey lo afirma con insistencia. Un vasto fresco poético en el cual se mantiene su espíritu en las nubes pero se guardan los pies sobre la tierra y que puede terminar por romper el universo de soledad del Eigenwelt del Uno y salir así del ciclo de la impotencia y la necesidad de la psicosis.

El sujeto atono

Terminemos nuestros propósitos con una figura particular del sujeto, un tanto exterior a  la serie establecida por Alain Badiou y de las consideraciones del Tratado de Henri Ey. Para Alain Badiou, el sujeto atono es aquél que se acomoda del imperativo contemporáneo : vive sin Idea! Para tal sujeto, el acontecimiento se trona en una concepción sin tonalidad del presente. Imaginamos que Henri Ey, inspirado por el psiquiatra alemán Ludwig Binswanger, reconocería aquí la posición maníaco-depresiva. Es un hecho del Tratado y de toda la obra de Henri Ey, que siempre busca establecer la relación entre estas formas de las llamadas psicosis agudas y la construcción de los delirios crónicos. Todas sus descripciones muestran que la Alucinacion le parece esencial en la melancolía o la manía, aunque sean volátiles, fugaces y sin que el  sujeto las tome en serio, como si fuese un juego. Lo mismo ocurre con las ficciones delirantes que no terminan nunca de decantarse. Henri Ey, junto a Ludwig Binswanger, conciben la existencia en la fuga de ideas como un renunciamiento al saber auténtico. Nada es tomado en serio. No existe un trabajo por parte del sujeto sobre la verdad surgida en la experiencia del acontecimiento. Un flotamiento neutro en el todo, una actitud de despreocupación que conduce a un vagabundeo del saber y del mundo que disuelve toda problemática y que engaña al paciente sobre la posibilidad de ser feliz sin deseo.

Conclusión

Esto último nos permite terminar nuestro desarrollo, al mismo tiempo que retornamos a nuestro punto de partida en la lectura cruzada entre el psiquiatra y el filósofo. Ya que tal sujeto sin deseo es el que corresponde mejor al materialismo democrático contemporáneo contra el que se opone Alain Badiou. Imaginamos que Henri Ey vería con los mismos ojos al personaje sin deseo que es a menudo el paradigma de la psiquiatría sin sujeto. Nuestros autores se cruzan con el mismo problema y sus pensamientos críticos nos parecen esenciales hoy. Es en todo caso lo que proponemos para discusión.
 
 

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